Crédit photo : Gwenaël Saliou
Texte : Bretons magazine – décembre 2024
DAVID LESVENAN
“UN PARI RÉUSSI POUR LA BRETAGNE”
Le président de .bzh revient sur l’histoire et l’actualité de l’association.
Bretons : Comment est née cette idée d’une extension internet en .bzh ?
David Lesvenan : En 2004, il y a vingt ans, le député du Finistère Christian Ménard a porté l’idée d’une extension en .bzh, à l’instar de ce qu’avaient fait les Catalans avec un .cat. L’idée était de mettre en place un outil dans l’univers numérique qui permettait à tous ceux qui voulaient marquer leur attachement à la Bretagne de le faire. Ce dossier a été relayé par la Région Bretagne, pour ensuite arriver à la création d’une association, en 2008, qui réunissait tous ceux – particuliers, associations, collectivités… – qui étaient intéressés par cette extension .bzh.
Un dossier de candidature a été monté au niveau de l’Icann, qui est l’organisme qui gère les extensions internet au niveau mondial, en 2012. Le .bzh a été activé en 2014, il y a donc dix ans.
Combien de sites aujourd’hui sont en .bzh ?
Nous sommes en progression continue. Nous sommes aujourd’hui à 13 000 et on vise les 15 000 sur 2 ans. On arrive au même niveau que le Pays de Galles, par exemple, et on espère dépasser l’Écosse l’année prochaine. Aujourd’hui, 40 % des sites internet des communes du Finistère sont en .bzh, 20 % au niveau régional. Ça commence à se voir, à devenir une réalité concrète dans l’espace public !
Cela montre l’attachement à la culture, à la langue bretonne. L’histoire continue de s’écrire…
Dès le départ, le .bzh s’est basé sur une mobilisation de la société civile, des associations, des collectivités, des entreprises. Ce n’est pas le cas du .paris par exemple, qui est porté par la collectivité et n’a pas la même dynamique. Le .bzh est une formidable aventure collective.
Après avoir porté ce dossier, quel est aujourd’hui le rôle de l’association Point Bzh ?
L’association est responsable de la gestion technique et administrative de l’extension internet .bzh et autofinance son activité. Elle s’assure de son bon fonctionnement et que les noms enregistrés ont bien un lien avec la Bretagne, sa culture, ses langues. Il s’agit soit d’avoir une adresse géographique dans un des cinq départements bretons, soit d’avoir un contenu lié à la Bretagne.
Elle diffuse également des conseils pour bien choisir ou configurer un nom de domaine et propose un annuaire en ligne pour conforter la visibilité des sites en .bzh avec www.web.bzh.
L’association porte aussi d’autres projets en lien avec le numérique ?
Nous avons mis en place un système, Secure.bzh, qui permet de prévenir gratuitement et automatiquement tout titulaire d’un nom de domaine en .bzh d’un abus, d’un problème d’hameçonnage ou autre, lié à son site ou son adresse e-mail. Par ailleurs, les particuliers qui souhaitent avoir une adresse en .bzh sans enregistrer un nom de domaine peuvent faire appel au service Postel, qui permet d’avoir une adresse en @postel. bzh, @email.bzh, ou même @bigouden.bzh.
L’association travaille parallèlement à d’autres dossiers, afin de porter toujours la place de la Bretagne dans l’univers numérique, en nous appuyant désormais sur le fonds de dotation Bretagne numérique que nous avons créé : l’obtention d’un emoji drapeau breton, toujours en cours, la traduction automatisée du breton et son intégration à Google translate, obtenue il y a peu, le déploiement de la synthèse vocale, utilisée par les portables ou les enceintes connectées, en breton…
Vous avez aussi initié un travail avec Wikipédia ?
Les moteurs d’intelligence artificielle se nourrissent de données. Ces données doivent être massives, libres, facilement accessibles. Cela permet à Wikipédia d’être un acteur majeur à l’entraînement des IA qui fournissent des réponses aux utilisateurs qui les interrogent. On ne peut pas en être absents : plus on est présents dans Wikipedia, plus on est visibles ! On s’est focalisé sur la production d’articles liés au patrimoine et à l’histoire de l’art, pour assurer la visibilité de la Bretagne, de sa culture, de sa langue, dans l’espace numérique de demain. Il nous faut montrer notre capacité à nous adapter à l’époque et à proposer le bon outil au bon moment. C’est l’ambition de l’association et du fonds de dotation Bretagne numérique.